Contexte

     La supériorité technologique militaire est devenue un impératif majeur et un facteur essentiel de dissuasion qui contribue à la souveraineté de l’État. Face à l'évolution du contexte géostratégique, technologique et économique, la recherche militaire s'est imposée comme levier essentiel dans le développement de potentiels de combat.

     L’évolution rapide des sciences et des technologies fait que les systèmes d’armes actuels et d'une manière générale les moyens de combat deviennent de plus en plus complexes, ils sont à caractère pluridisciplinaire et intègrent des technologies de plus en plus sophistiquées et fortement imbriquées. Ils exigent de nous une maitrise sans cesse accrue pour leur mise en œuvre opérationnelle et technique mais également pour leur modernisation au fur et à mesure des évolutions technologiques et des nouvelles menaces nécessitant ainsi un effort soutenu et coordonné tant en matière de recherche et de formation dans les domaines des technologies militaires que dans la construction d’une industrie de défense compétitive. Cette dernière est garante de notre autonomie stratégique et de nos approvisionnements dans le long terme.

Schéma d'organisation

     Face aux restrictions récurrentes en matière de transfert et d’acquisition de technologies clés, les plus Hautes Autorités de notre institution, conscientes du rôle et de l’importance de la Recherche Scientifique et du Développement Technologique pour la maîtrise et le développement des technologies sous-tendant les potentiels de combat, ont engagé, parallèlement au processus de formation supérieure dans différents domaines des sciences et technologies, la mise en place d’organes centraux, ayant une dimension inter-forces, chargés de la gestion et de l’exécution de projets de recherche-développement au profit des différentes composantes des forces armées.

Ainsi, le schéma de recherche mis en place a été centré, aux échelons hiérarchiques supérieurs, autour d'un organe central d’orientation et de planification accompagné d'une structure d'animation, d'évaluation, de coordination, de valorisation, de veille technologique et de coopération interne et externe. Ces entités centrales encadrent des structures de recherche décentralisées qui activent au plus près des forces, des structures centrales de soutien et des entreprises de fabrications militaires et ce, pour une grande réactivité dans la prise en charge des programmes et projets de recherche et de développement technologique à caractère sectoriel. Parallèlement, ce schéma est complété par la mise en place du cadre réglementaire régissant l’organisation du processus de gestion, d’exécution des programmes et projets de recherche, d'évaluation des chercheurs et des résultats de la recherche, d’homologation et de valorisation des produits ou services qui y sont issus.

Missions

     Vu la panoplie et la complexité des plateformes de combat, qu’elles soient terrestres, aériennes, navales ou de défense aérienne, constituées, en général, de systèmes d’armes intégrant de plus en plus d’automatisation et d’intelligence et partant de l’adage «la pénurie de technologie doit pousser à l’intelligence», la recherche militaire intervient à tous les niveaux du processus de mise à niveau technologique. Ceci est aussi bien pour la maîtrise des technologies qui y sont intégrées que pour l’évaluation, l’expertise, l’adaptation de pièces, de sous-ensembles et d’ensembles dans le cadre de la maintenance, la modernisation avec l'introduction de nouveaux systèmes, l’innovation et la conception de nouveaux produits basés sur des technologies émergentes et leur fabrication, jusqu’au maintien en condition opérationnelle. Cela s'opère au bénéfice de l’évolution différenciée de l’éventail des équipements actuels et futurs de notre outil de défense.

     L’objectif est de réduire le gap technologique que nous accusons à travers la concrétisation de plans et programmes de recherche à notre posture visant d’une part à promouvoir les technologies les plus prometteuses avec pour finalité la montée en puissance capacitaire des forces armées et d’autre part, à répondre aux besoins opérationnels de nos forces armées ainsi que de faire de la recherche scientifique et du développement technologique un levier essentiel dans l’aide à la prise de décision en matière d’acquisition des équipements de défense et de sécurité et dans la préparation de la défense du futur.

     De même le rôle de la recherche militaire ne s’arrête pas uniquement à l’aspect des technologies de défense, il intègre, également, d’autres aspects non exhaustifs, tels que ceux liés à l’environnement d’emploi des forces, aux technologies et à la sécurité des systèmes de commandement, des systèmes d’information et de communication et des systèmes d'armes, aux sciences forensiques et dans un autre répertoire, à l’amélioration de la prise en charge du soldat en matière de soutien multiformes à savoir, la formation et l’entrainement, l’hygiène et la médecine opérationnelle, les protections individuelle et collective ainsi que le volet intendance.

     La recherche militaire doit saisir les nouvelles opportunités offertes par les segments des technologies émergentes qu'il y a lieu de retenir et de prendre en charge dans le cadre d'actions d'anticipation et de préparation du futur en s’appuyant, pour ce faire, sur les travaux intra-institution ainsi que ceux qui pourraient être initiés dans le cadre des coopérations avec le secteur civil de la recherche, le secteur industriel national et nos partenaires étrangers. A travers cette vision, il s’agit de mettre en interaction la prospective technologique avec la prospective opérationnelle.

     Enfin, l’objectif final est de disposer d’une capacité réactive, autonome et souveraine et à développer les solutions technologiques aptes à répondre aux nouvelles menaces, mais aussi aux besoins opérationnels exprimés par nos forces armées.