Histoire de l'Armée Nationale Populaire

Dans le sillage de l’indépendance.. De l’Armée de Libération Nationale à l’Armée Nationale Populaire
    Le programme de Tripoli, plate-forme politique globale, adoptée deux mois après l'annonce du cessez-le-feu, soit en Juin 1962, énonçait notamment : « l'accession de l'Algérie à l'indépendance impose qu'une partie de l'ALN revienne à la vie civile et donne des cadres au Parti et que l'autre partie constitue le noyau de l'Armée Nationale ». Ce texte fondateur mettait en outre l'accent sur la nécessité d'organiser une armée nationale moderne en développant l'ALN. Ainsi, en Juillet 1962, avec le dénouement de la guerre de libération nationale, quelques 50 000 soldats et cadres instruits, hautement disciplinés, qui formaient les bataillons de l'ALN, constituèrent l'Armée de la République Algérienne Démocratique et Populaire. Celle-ci devait à la fois opérer sa propre reconversion et faire face à ses nouvelles missions : « sauvegarder l'intégrité territoriale dans les frontières désormais reconnues par la communauté internationale, préserver l'ordre public, faciliter le retour des réfugiés, assister le gouvernement algérien dans des opérations à caractère logistique et social…». Il s'agissait également de combler les vides laissés par le départ d'un nombre important de ses cadres vers d'autres institutions, telles que l'administration et le Parti.

    Ainsi, durant les premières années de l'indépendance, elle a assuré l'organisation du ravitaillement et des secours d'urgences à la population et, particulièrement, des actions destinées à faciliter le retour de plus de 300 000 réfugiés se trouvant dans un état sanitaire et moral difficile. De même, après le départ des troupes françaises, elle a entamé des opérations de déminage et de désamorçage des mines antipersonnel disséminées à la lisière des lignes électrifiées Challe et Morice.

  

    Par ailleurs, une organisation logistique fut mise en place pour répondre aux besoins de structuration et de fonctionnement de l’armée. Ainsi, les directions de l’Intendance, du Matériel, du Génie et de la Santé, du Transport et de l’approvisionnement furent les premières à voir le jour. Ces directions, auxquelles vinrent rapidement se joindre celles du Personnel, de l’Armée de l’Air, de la Marine et de l’instruction, au niveau du Ministère de la Défense, allaient constituer l’ossature de l’Armée Nationale Populaire. Les bases de cette première structure générale seront consolidées avec la structuration des principales directions, la mise sur pied d’une organisation efficace, l’ouverture d’écoles et de centres d’instruction et l’envoi à l’étranger de stagiaires destinés aux différentes armes et services.

    Ainsi fut la création du commandement de la Gendarmerie Nationale au mois d'aout 1962, le service de transmission en septembre 1962 et l'installation du Ministre de la défense le 27 septembre 1962. Par ailleurs, plusieurs écoles ont vu le jour, telles que l'école des Cadets de la Révolution en Mai 1963, l'Académie Militaire Interarmes de Cherchell en Juin 1963, l'école de Transport Militaire en Mars 1964, l'école de la Gendarmerie Nationale à Sidi Belabès le 27 Mars 1964, ainsi que la publication du décret judiciaire militaire le 22 aout 1964. Au début de l'année 1965 l'Ecole Nationale de l'Arme contre Aéronef a été créée à Reghaia et durant la même année, l'Ecole Tactique du Matériel Militaire a été ouverte suivie de l'Ecole de la Santé Militaire, du centre d'entrainement à Boughar, puis de l'école de Navigation Aérienne à Blida.

Les missions de l'Armée Nationale Populaire dans les constitutions algériennes
    Après l'indépendance, l'action de l'Armée Nationale Populaire et ses mission se sont élargies pour englober des tâches d'édification et de reconstruction, il était évident que la contribution de l'ANP dans cette démarche soit majeure, étant la seule force organisatrice du pays et pour certaines considérations dictées par les impératifs de développement de notre nation, après une nuit coloniale qui dura plus de 130 ans. Par conséquence, il a été confié à l'Armée , et par étapes, plusieurs mission entre 1963 et 1989, consistant à conjuguer en quelque sorte défense de l'intégrité du territoire et édification du pays;

    Par la suite, elle s’est consacrée quasi exclusivement à ses missions de défense et de préservation de la sécurité, tout en gardant une certaine disponibilité à contribuer aux efforts d’intérêt national. On ne peut cependant aborder le présent sans évoquer le passé. Un rappel de l’ordre institutionnel de l’Armée nationale populaire s’impose de lui-même.

    En effet l’article 8 de la constitution de 1963 octroie à l’Armée Nationale Populaire des prérogatives sociales, politiques et économiques en plus de sa mission principale qui consiste à défendre le pays.



    C’est ainsi que l’Armée Nationale Populaire affirme sa participation dans la reconstruction et l’édifice du pays et ce à travers la constitution de 1976, en effet l’article 82 stipule : «L’Armée nationale populaire, héritière de l’Armée de Libération nationale et bouclier de la Révolution, a pour mission permanente de sauvegarder l’indépendance et la souveraineté nationale. Elle est chargée d’assurer la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la protection de son espace aérien et terrestre, de ses eaux territoriales, de son plateau continental et de la zone économique exclusive. L’Armée nationale populaire, instrument de la Révolution, participe au développement du pays à l’édification du socialisme.» et l’article 83 de la même constitution;

    Ainsi Jusqu’au 23 Février 1989, date à laquelle l’Algérie a adopté une nouvelle constitution, inaugurant ainsi une ère de pluralisme politique et s’engageant sur la voie de réforme globale et d’une transition démocratique, dans cette perspective, l’Armée Nationale Populaire s’est retirée du débat politique pour se consacrer exclusivement à ses missions de défense de la souveraineté et de l’unité nationale conformément à l’article 24 de la constitution de 1989. Ces missions ont été confirmées par l’article 25 de la constitution amendée en 1996 révisée en 2008.



    Et à l'ombre des transformations qu'a connu l'Algérie et obéissant au nouvel ordre constitutionnel, l'Armée Nationale Populaire allait témoigner sa neutralité politique à l'ère du pluralisme par son retrait volontaire du Comité central du FLN. Et, le 4 avril 1989, une directive du chef de l'état-major de l'ANP, portant sur les nouvelles missions constitutionnelles de l'ANP et les devoirs qui en découlent pour ses membres, a été émise. Il y est noté, comme pour affirmer son caractère apolitique, que «bien qu'il soit un citoyen jouissant de tous ses droits, tout militaire ne peut aspirer à participer à une activité politique ou contre n'importe quelle formation politique soit à l'intérieur ou à l'extérieur des institutions militaires».

    L’Armée Algérienne a salué l’avènement des reformes politiques visant à concrétiser le processus démocratique initié par la nouvelle constitution. Elle a contribué à cette démarche en se plaçant au dessus des luttes partisanes et en veillant à garantir la légitimité constitutionnelle en vue d’édifier une société juste et égalitaire. Par cette attitude responsable, l’Armée Nationale Populaire s’est conformée aux dispositions de la constitution en veillant à préserver sa cohésion et l’unité de ses rangs.