Introduction
Au lendemain du recouvrement de la souveraineté nationale, le 5 juillet 1962, l’armée Algérienne se retrouva le dépositaire légitime d’une longue et riche histoire militaire, qui prend source de l’Antiquité et se prolonge jusqu’aux guerres menées par les rois et chefs numides contre l’occupation romaine; c’est cette armée qui a connu par la suite, plusieurs transformations et a vécu maintes épisodes cruciaux, notamment durant la période de la Régence d’Alger, à partir du XVIe siècle.
Et parmi les grandes batailles que l’Armée Algérienne avait mené durant la deuxième guerre punique, la bataille de Zama (202 av.J.C) qui illustra le génie militaire du roi Massinissa et la valeur de la cavalerie numide, fait encore l’objet d’enseignement dans plusieurs académies militaires du monde, et demeure témoin de la vivacité et de l’ingéniosité des algériens qui ont réalisé de grands exploits tout au long de notre glorieuse histoire, notamment, les exploits maritimes de la flotte algérienne qui brava celles d'autres puissances et étendit son rayon d’action jusqu’en Islande (expédition de Mourad Rais en 1627) suscitant, encore, la stupéfaction du monde entier, les résistances populaires, et enfin, la bataille d’Alger, un des épisodes de la glorieuse guerre de libération nationale, à ce jour, objet d'études par les états-majors de plusieurs armées.
De manière générale, l’Armée Algérienne a une histoire riche empreinte d'événements militaires de haute importance, durant plus de deux millénaires, à travers lesquels apparait la valeur de la position géostratégique de notre pays ainsi que le génie militaire de plusieurs de ses illustres chefs ou guerriers à différentes périodes de l’histoire.
De 1945 à 1954.. Le déclenchement de la Révolution
Le 8 mai 1945, constitue un moment-charnière dans l’histoire de la lutte du peuple algérien et ses développements, en effet, l’échec des démarches politiques engagées par le mouvement nationaliste au début du XXe siècle, face aux manœuvres d’une administration coloniale perverse qui monta des mascarades électorales, fut définitivement établie après cette date fatidique, prenant prétexte des manifestations populaires qui entendaient associer l’armistice de la seconde Guerre mondiale à leur volonté d’expression de l’indépendance nationale, une répression féroce s’était abattue sur les Algériens, se soldant par des dizaines de milliers de morts et des actes d’une barbarie inouïe. Cette répression avait un caractère d’autant plus révoltant qu’elle intervenait après l’enrôlement forcé de dizaines de milliers de jeunes conscrits algériens dans les rangs de l’armée française pour aider à libérer l’Europe de la domination nazie.
Cette participation, contrainte de diverses façons, a concerné non seulement les deux Guerres mondiales mais également des batailles typiquement coloniales comme celles de l’Indochine (aujourd’hui le Vietnam), permettant aux Algériens de s’initier aux armes et aux batailles modernes et d’acquérir de l’expérience au combat tout en découvrant le fonctionnement interne de l’armée d’enrôlement.
Deux ans après, soit en 1947, une première tentative de constituer un réseau clandestin d’action militaire, l’OS (Organisation Spéciale), initiée par des éléments du mouvement national, constitua un premier noyau de résistance armée dont le but est de réunir, le plus rapidement possible, les conditions d’un combat militaire contre le colonialisme : collecte de fonds, acquisition d’armement et entrainement au combat. L’organisation réussira quelques actions d’éclats comme l’attaque de la poste d’Oran en 1949. Bien que cette organisation fut découverte et réprimée, ses éléments ont poursuivie secrètement la résistance jusqu’au déclenchement de la glorieuse guerre de libération.
La Révolution de novembre 1954.. La naissance de l’Armée de Libération Nationale
C’est dans des conditions particulièrement dures et complexes, tant sur le plan matériel que celui de l’organisation, que le peuple algérien et ses militants révolutionnaires prirent la décision irréversible d’engager la lutte contre le régime colonial. Le 1er Novembre 1954, éclatèrent les coups de fusils des premiers combattants, l’organisation révolutionnaire par l’action armée entraina une rupture totale avec les voies politiques qui s’étaient avérées inefficaces. La déclaration du 1er Novembre 1954 exprima clairement cette option, créant le Front de Libération Nationale (FLN) et son bras armé, l’Armée de Libération Nationale (ALN), les établissant comme les instruments de concrétisation de l’aspiration à la liberté.
Aussi, et dès le déclenchement de la lutte armée, les responsables politico-militaires ont mit en place les structures de l’ALN, conformément aux principes de la guérilla, des unités formées de petits groupes, disposant d’un armement léger mais extrêmes mobiles et efficace. Une année, jour pour jour, après l’offensive du Nord-Constantinois (20 aout 1955), se tenait le congrès de la Soummam dont la plate-forme historique comprenait un volet militaire important relatif à la réorganisation de l’ALN en bataillons, compagnies, sections et groupes avec, en soutien, une organisation administrative, financière et logistique qui n’omettait pas l’apport vital de l’information dans la mobilisation du peuple algérien dans la lutte contre le colonialisme et ses mécanismes de propagande.
Progressivement, l’ALN se dote d’équipement de plus en plus moderne et d’un armement mettant en œuvre une grande capacité de feu. Bien entraînée et surtout bien structurée, l’ALN prouvera son efficacité sur le champ de bataille et les moudjahidines, que l’ennemi considérait au début comme une poignée de rebelles qu’il méprisait et sous-estimait, vont, par leur irréductible détermination, leur sens stratégique et tactique et surtout un soutien indéfectible du peuple, contraindre l’occupant à s’asseoir à la table des négociations, arrachant ainsi de haute lutte, l’indépendance nationale.
L’Armée de Libération Nationale, issue du peuple Algérien, a réussi à atteindre pleinement l’objectif de l’indépendance et recouvrir la souveraineté nationale, en s’inspirant des traditions de lutte ancestrales, en appliquant les principes de la guerre révolutionnaire et en les adaptant aux conditions particulières de l’Algérie. Par ailleurs, deux caractéristiques principales ont forgé l’histoire militaire de l’Algérie depuis les temps les plus reculés jusqu’à la guerre de libération nationale, la première est que l’Algérie s’est trouvée fréquemment en situation de défense, développant ainsi une attitude fondamentale de résistance et l’attachant fortement à un principe de refus des agressions et occupations; la deuxième réside dans une combinaison permanente de la résistance populaire et de l’action militaire organisée, selon des formes historiques diverses. Chaque fois qu’il y eut besoin de défendre la patrie - et cela souventes fois-, les militaires ont trouvé à leurs côtés les résistants. Et, d’une manière aussi constante, les militaires sont issus des rangs du peuple.
Ce binôme historique explique pourquoi, une fois la souveraineté nationale recouvrée, l’Armée de Libération Nationale s’est reconvertie en Armée Nationale Populaire, chacun de ces termes se trouvant justifié à la fois par le passé et les perspectives du futur.